Construire la durabilité en Afrique

La durabilité est devenue l’un des sujets primordiaux pour les gouvernements du monde entier. À cet égard, l’inclusivité dans la mobilisation et les partenariats sera fondamentale.

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Nature scenic background with old-fashioned well, Anti-Atlas (or Lesser Atlas) mountain range, Morocco, North Africa

Responsable du département des services techniques chez Agrément South Africa, Mme Lerato Magalo est active depuis des années dans le domaine des normes relatives à l’eau, aux systèmes d’assainissement et à l’environnement bâti. Elle y a ainsi acquis une somme d’expertise, mais elle a pu surtout bien saisir l’importance de la diversité des perspectives et la valeur de la représentation. Elle évoque ici le rôle de premier plan de l’Afrique du Sud au sein de l’ISO, souligne l’importance de la consultation publique et explique pourquoi les normes doivent être inclusives si l’on ne veut pas les voir reléguées aux oubliettes faute de pertinence.

Mme Magalo s’est investie dans la normalisation durant les sept années qu’elle a passées au South African Bureau of Standards (SABS), où elle a travaillé à l’adoption des normes ISO et à leur adaptation au contexte sud-africain. Dans ce rôle, elle a consacré beaucoup de temps en déplacement auprès de communautés diverses afin d’en bien cerner les besoins et les défis spécifiques, l’objectif étant de trouver des solutions susceptibles de convenir à toutes les parties concernées.

Voilà ce qui a forgé son attitude à l’égard de la normalisation, et s’agissant de l’inclusivité dans les normes, elle s’affiche à la fois passionnée et pragmatique.

Ouvrir la voie aux normes africaines

L’Afrique du Sud est le leader incontesté de la normalisation en Afrique : « Dans ce contexte, nous jouons en quelle sorte le rôle de « grand frère », observe Mme Magalo. La norme sud-africaine sur le VIH a notamment été adoptée par l’ISO, et bon nombre des normes nationales sont adoptées et adaptées par d’autres pays de la région qui ne sont pas encore en mesure d’appliquer des normes ISO. L’Afrique du Sud propose également de nombreuses normes par le biais de la Communauté de développement de l’Afrique australe.

L’Afrique du Sud est le leader incontesté de la normalisation en Afrique.

Parmi les Normes internationales dans lesquelles l’Afrique du Sud, et Mme Magalo, ont joué un rôle majeur, figure la norme IISO 30500, sur les systèmes d’assainissement autonomes. Il s’agit de systèmes qui ne sont pas raccordés à un réseau d’égouts principal mais qui traitent entièrement les eaux usées pour permettre de les éliminer ou de les réutiliser en toute sécurité. L’Afrique du Sud est un pays où l’eau est rare, avec de nombreuses communautés isolées et un relief relativement plat. Les infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau posent donc de véritables défis. Lors de la rédaction d’ISO 30500 sur les systèmes d’assainissement autonomes, l’ISO a naturellement accordé un intérêt particulier à l’expertise du pays en matière de solutions durables pour l’eau et l’assainissement.

« Dans un pays où l’eau est rare, les solutions d’assainissement doivent être conçues en conséquence. On ne peut pas proposer des solutions qui vont gaspiller des ressources en eau très limitées, et il est hors de question d’utiliser l’eau potable pour la chasse d’eau. Il faut trouver un juste équilibre et l’exercice est assez délicat », précise Mme Magalo, qui ajoute : « Pour des gens comme nous – qui vivons dans des pays en développement confrontés à ces problèmes de pénurie d’eau – il est très important d’être présents autour de la table pour donner une perspective différente. »

Des normes applicables pour tous 

Selon Mme Magalo, pour s’assurer que les normes seront bien opérantes pour tous, il ne suffit pas de tenir compte des circonstances différentes – et difficiles – des pays en développement, d’autres formes de diversité doivent aussi être prises en considération.

À titre d’exemple, elle souligne l’importance des femmes lors de la rédaction de la norme ISO 30500. « Si le panel des participants aux travaux n’est pas diversifié et si les femmes n’y sont pas représentées, les solutions retenues ne répondront peut-être pas à leurs besoins », fait-elle valoir. « Plus les communautés sont inclusives, moins on risque de rester aveugle à des points qui comptent. » Elle insiste sur le fait que les traditions culturelles (et notamment religieuses) sont un autre élément fondamental à ne pas négliger lors de la rédaction de normes quelles qu’elles soient.

Plus les communautés sont inclusives, moins on risque de rester aveugle à des points qui comptent.

Le retour d’informations du public est une phase précieuse pour s’assurer que les normes seront acceptées par les personnes auxquelles elles sont destinées, et Mme Magalo cite en référence les dispositions de l’Organisation mondiale du commerce qui exige une consultation publique de 60 jours sur les projets de normes.

Les normes rédigées en « vase clos » risquent de manquer de pertinence. La non-prise en compte des préoccupations sociétales dans le travail de normalisation conduit à publier des documents qui dormiront sur des étagères. Les enjeux sont trop importants pour agir ainsi, surtout pour les normes axées sur la durabilité et d’autres aspects de l’action climatique.

« La société peut faire ou défaire n’importe quel projet. Un projet qu’elle n’accepte pas ne servira à rien. Il faut donc écouter ce que dit la société lorsque l’on réfléchit au type de solutions que l’on veut apporter », explique Mme Magalo. « Certains peuvent échafauder des solutions techniques sophistiquées, mais à qui allez-vous les fournir si la société ne les accepte pas ? La norme que l’on veut offrir doit avoir un impact sur le terrain. »

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