Le « chemin de fer » a façonné notre monde depuis son apparition dans les années 1800 : de Puffing Billy, la plus ancienne locomotive à vapeur, qui remorquait ses wagons de charbon dans toute l’Angleterre pendant la Révolution industrielle, au Maglev, un élégant train japonais ultrarapide qui a atteint la vitesse de 603 km/h lors d’un essai en 2015. Le train est aujourd’hui un mode primordial de transport pour les personnes et les marchandises dans le monde. Si la finalité du train est demeurée largement inchangée, la rapidité des technologies utilisées a largement dépassé celle d’un TGV, car les trains modernes devraient pouvoir atteindre les 800 km/h d’ici 2020.
À l’instar de nombreux autres secteurs de l’industrie, le secteur ferroviaire a dû évoluer pour s’adapter aux mutations rapides d’un monde de plus en plus interconnecté. Pour survivre et se développer, il lui faut cependant élaborer des stratégies et des initiatives lui permettant d’améliorer ses performances commerciales. Pour relever ces défis, l’UNIFE, l’Union des industries ferroviaires européennes, s’attache à « promouvoir le développement du marché ferroviaire pour une mobilité respectueuse de l’environnement », en vue de piloter l’innovation et de contribuer à la formation d’un réseau ferré européen interopérable et efficace.
Dans cette ère nouvelle des technologies intelligentes, l’UNIFE et ses membres s’emploient à « fournir les meilleures technologies pour répondre aux défis de mobilité accrue, à la croissance du volume de transport et à la protection de l’environnement ».
Par la contribution qu’elle apporte au développement économique et à l’innovation, la normalisation est un outil essentiel de cette stratégie. Ainsi, l’UNIFE et ses membres « travaillent également à l’établissement de normes interopérables et coordonnent des projets de recherche financés par l’Union européenne visant à l’harmonisation technique du réseau ferroviaire ».
Normaliser le secteur ferroviaire
Pour l’UNIFE, focaliser les efforts sur la normalisation est un excellent moyen d’amplifier l’impact économique d’une innovation ou d’un droit de propriété industrielle. À cet égard, la normalisation est également un élément essentiel des politiques d’innovation. Il est évident que la création de solutions techniques durables et innovantes, concernant aussi bien les communications numériques que des programmes d’électrification, permettra au secteur ferroviaire de gagner en compétitivité.
Mais qu’en est-il de la qualité ? Suivre les avancées technologiques, tout en tenant compte de la taille et de la portée du secteur ferroviaire, implique de mettre fortement l’accent sur la qualité à chaque étape de la chaîne logistique. Telle est, depuis plus de dix ans, la fonction du référentiel IRIS (International Railway Industry Standard) élaboré par l’UNIFE, un référentiel basé sur l’ISO 9001:2008, Systèmes de management de la qualité — Exigences, qui établit des lignes directrices utiles dans le contexte d’une certification qualité.
Lancée pour la première fois en 2006, la démarche de certification IRIS s’est rapidement développée pour compter, selon les derniers chiffres, plus de 1500 certificats dans 50 pays à travers le monde. Comme l’explique Bernard Kaufmann, Directeur général d’IRIS à l’UNIFE, « en moins de dix ans, la norme a fait son chemin dans le monde entier, et un nombre croissant de grandes entreprises du rail exigent de leurs fournisseurs qu’ils obtiennent la certification de conformité à cette norme ».
Il ajoute : « Sachant qu’il nous fallait veiller à ce que cette norme continue de progresser, et qu’elle soit un référentiel de confiance encore plus reconnu et largement utilisé, il a été décidé d’aller plus loin et d’en faire une Norme internationale ISO. »
Voie express pour la qualité
Le travail d’élaboration de la norme a donc ainsi été démarré avec la participation de bon nombre des plus grands constructeurs de train du monde, des intégrateurs et des opérateurs de réseaux, notamment Alstom, Bombardier, Siemens, Faiveley, Knorr-Bremse, Nabtesco, Voith, DB, CR, SBB, la SNCF, et plusieurs organismes de recherche dans le domaine ferroviaire. Mais, au vu du temps extrêmement court à disposition car l’ISO 9001:2008 allait être révisée et la validité des certificats IRIS parvenait bientôt à échéance, « nous avons finalement décidé d’établir une spécification technique, dont les délais d’élaboration sont beaucoup plus courts, avec l’idée d’en faire une norme ultérieurement », explique Bernard Kaufman.
C’est ainsi que l’ISO/TS 22163, Applications ferroviaires – Système de management de la qualité – Exigences liées au système de management de l’activité à destination des organismes ferroviaires : ISO 9001:2015 et exigences particulières concernant les applications dans le secteur ferroviaire, a été élaborée par le comité technique ISO/TC 269, Applications ferroviaires, dont le secrétariat est assuré par le DIN, membre de l’ISO pour l’Allemagne, avec la contribution de 35 organismes ferroviaires et experts de la normalisation issus de 11 pays.
Le chemin de fer a façonné notre monde depuis son apparition.
Selon Bernard Kaufmann, la principale différence entre l’ISO/TS 22163 et le référentiel IRIS tient à l’attention accrue accordée à la gestion de projet et à la sécurité. « Les constructeurs de train travaillent essentiellement aujourd’hui en fonction de spécifications individuelles : il n’y a pas deux trains identiques pour le même client. Dans le même temps, il y a de grandes différences d’un train à l’autre en raison des demandes et exigences d’ordre culturel ou géographique des clients. Ainsi, le secteur du rail est avant tout une activité qui fonctionne par « projet » avec un objectif prioritaire : la sécurité. Et c’est précisément dans cet esprit que la spécification technique a été élaborée. »
Une bonne nouvelle pour les passagers
Pour Gilles Chopard-Guillaumot, Directeur du Bureau de normalisation ferroviaire (BNF), qui est un membre très actif au sein de l’ISO/TC 269 et qui a piloté le projet en faveur de la nouvelle norme, la réduction des coûts constitue un autre avantage de taille. « Les organisations du secteur ferroviaire certifiées selon l’ISO/TS 22163 peuvent éviter des évaluations complémentaires, notamment par les acheteurs ou selon la norme ISO 9001. La qualité et le niveau de confiance sont donc supérieurs pour un coût de certification moins élevé. C’est une bonne nouvelle pour tous les acteurs de la chaîne logistique, y compris en définitive pour les passagers.
« Publiée initialement en anglais et en français, cette spécification technique devrait prochainement être disponible dans d’autres langues. Son utilisation à grande échelle par ce secteur de l’industrie aura un effet positif sur la sécurité et la fiabilité des trains et des réseaux », ajoute Gilles Chopard-Guillaumot, également impliqué dans le travail de révision de la norme, déjà en cours. « Avec l’aide d’experts toujours plus nombreux d’autres pays du monde, nous allons faire évoluer cette spécification en une Norme internationale à part entière. »