Feu vert pour les robots de service

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Du gentil Wall-E écolo au serviable droïde R2D2, en passant par les mondes dystopiques de Matrix et de Terminator, les robots ont le pouvoir de captiver notre imaginaire et d'orienter nos visions du futur. Or, avec les progrès des sciences et des technologies, les interactions entre l'homme et l'intelligence artificielle feront bientôt partie intégrante de notre quotidien. Une nouvelle norme ISO traitant des questions de sécurité des robots de soins personnels a pris des mesures anticipatrices dans ce sens.
Connectés à notre système nerveux, ils peuvent lire dans nos pensées.

Les robots sont déjà utilisés dans l'industrie de fabrication, le domaine médical, et même les jouets, mais ce n'est que tout récemment qu'ils ont fait leur entrée dans un nouveau champ d'application : les services. Aides domestiques, assistants physiques et appareils de transport de personnes, ces robots mobiles vont révolutionner ce secteur et transformer nos vies.

Capables de comprendre voix et gestes et de réagir au toucher, ils peuvent également se connecter à notre système nerveux et « lire dans nos pensées », interprétant l'activité des ondes cérébrales. La science-fiction est devenue réalité.

Le premier robot cyborg

En 2012, une société japonaise a commencé des essais sur un exosquelette motorisé, qui, placé sur les jambes de la personne qui le porte, est capable de détecter les signaux que le cerveau envoie aux muscles pour commander la marche. Qualifié de premier « robot cyborg réel », cette structure intelligente ne se contente pas d'aider à marcher les personnes dans l'impossibilité de se mouvoir, elle peut également prêter main-forte aux infirmières, au personnel d'intervention d'urgence et à d'autres professionnels amenés à soulever des charges lourdes comme le corps humain.

On notera que cette société japonaise a été l'une des premières à appliquer ISO 13482, Exigences de sécurité pour les robots de soins personnels, quand le document n'était encore qu'à l'état de projet.

Pourquoi se conformer si précipitamment à une norme non encore publiée ?

Le Professeur Gurvinder Virk, animateur du groupe de travail de l'ISO qui a élaboré la norme en fournit l'explication : « Les robots ne sont pas une invention nouvelle, mais jusqu'ici, leur utilisation a été essentiellement limitée aux applications de fabrication dans les environnements industriels où l'interaction et le contact physique avec les personnes sont pratiquement inexistants. Devant l'évolution des applications robotiques, il est essentiel de procéder à une évaluation minutieuse des risques pour garantir notre sécurité, ce qui est exactement l'objet de l'ISO 13482. »

Défauts ou défaillances peuvent entraîner des accidents graves, potentiellement mortels.

La question de la sécurité des humains amenés à évoluer en interaction proche avec des robots de services est importante.

Ceux-ci peuvent en effet provoquer des accidents graves potentiellement mortels en cas de défauts ou de défaillances.

Par exemple, un exosquelette qui interprète mal une commande et ne réagit pas immédiatement en prenant la direction voulue, peut mettre sérieusement en danger la personne qui le porte.

« La robotique personnelle est un domaine si nouveau qu'il n'existe pas encore de règlements ou de lignes directrices de sécurité qui soient internationalement reconnus. Les entreprises hésitent donc à investir sur ce marché et à y lancer de nouveaux produits, redoutant les éventuels problèmes qui pourraient les mener devant les tribunaux, où elles auraient du mal à prouver que toutes les mesures ont été prises pour garantir la sûreté des articles litigieux », relève Virk.

Établir les règles

Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas qu'il y ait encore si peu de robots de soins personnels aujourd'hui, alors même qu'un marché existe. Prenez, par exemple, l'énorme succès de Roomba, le petit aspirateur autonome. Avec des dispositifs simples de ce genre, on ne court pas de grands dangers, mais l'ampleur des risques peut être différente selon les nouvelles applications robotiques à l'étude.

« Il est difficile pour une entreprise, ou même pour un pays, de définir des règles de sécurité acceptables » fait observer Virk. « Pour permettre à ce secteur de l'industrie d'aller de l'avant, il est nécessaire de débattre de la question et d'établir un consensus au plan international. C'est précisément ce que représente ISO 13482. Cette norme très attendue donne aux chercheurs, aux fabricants et aux organismes de réglementation les bases pour évaluer et vérifier la sécurité de ces produits parfaitement inédits. »

L'intérêt de ce document est sans précédent pour la filière, car ISO 13482 ouvre les portes de ce marché à toute une nouvelle série d'acteurs : les petits inventeurs et les petits investisseurs, en particulier, qui seront rassurés de connaître les règles du jeu avant de se lancer. « De fait, l'élément le plus important qui soit pour l'essor du marché de la robotique personnelle est l'élaboration de normes de sécurité » fait remarquer Virk.

Utopie ou réalité

Robot

De nombreuses applications robotiques intéressantes sont déjà à l'étude : ramassage des ordures, dispositifs pour aider les patients atteints de démence à prendre leurs médicaments, à boire et à manger. Ce type de robots pourrait aussi faire le lien entre les personnes âgées et leurs proches ou les soignants.

« Nous sommes conscients que ce secteur est en pleine éclosion et nous savons qu'il faudra mettre à jour ISO 13482 au fur et à mesure de l'évolution de la technologie pour garantir l'adéquation des exigences et de la sécurité des personnes qui interagissent avec ces nouvelles machines » indique Virk. « Les plus grands experts dans le domaine préparent du reste déjà des recommandations ISO complémentaires. »

En définitive, les robots de soins personnels visent à améliorer notre qualité de vie. Le vieillissement de la population est un facteur déterminant de l'intérêt de cette technologie, surtout dans les pays comme le Japon, où le manque de personnel soignant est préoccupant. Des appareils comme Roomba montrent aussi un énorme potentiel de débouchés auprès de la nouvelle génération, qui peine à concilier travail et tâches ménagères.

À cet égard, le Professeur Virk conclut sous forme de clin d'œil, « je me souviens d'une série télévisée d'animation mettant en scène une famille américaine futuriste : « les Jetsons ». Leur maison était tenue par un robot répondant au nom de Rosie. Cet humanoïde sur roulettes était capable d'effectuer quasiment toutes les corvées domestiques. Si seulement nous pouvions avoir un tel robot ! »

Qui sait, Rosie n'est peut-être pas loin.


Maria Lazarte
Maria Lazarte

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